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jeudi 7 mars 2013

Vincent Lapierre sur le bilan économique d'Hugo Chavez



Journaliste : Quel est le bilan d'ailleurs de la politique économique d'Hugo Chavez ? Ce soir nous sommes en direct avec Vincent Lapierre qui est économiste et spécialiste du Vénézuéla, à l'Institut des Hautes Etudes de l'Amérique Latine. Bonsoir Vincent Lapierre.


Vincent Lapierre : Bonsoir.

Journaliste : Alors, c'est un bilan économique contrasté que celui d'Hugo Chavez, avec en positif en tout cas, la réduction de la pauvreté dans le pays ?

VL : Voilà c'est ça. En réalité, pour les plus pauvres le bilan économique du gouvernement vénézuélien au cours des dix dernières années est globalement positif.

C'est à dire que de ce point de vue, les statistiques sont éloquentes. Donc je vais vous donner quelques chiffres qui proviennent de la CEPAL c'est à dire des Nations Unies.

Le taux de pauvreté qui était de 51% dans les années 2000 est passé à moins de 27% en 2010, il a donc été divisé par deux en dix ans.

Le taux de pauvreté extreme, c'est à dire le pourcentage de gens vivant avec moins de 1 dollar par jour, sur la même période, 2000-2010, est passé de 25% à moins de 8%, on voit donc qu'il a été divisé par trois en dix ans.

L'IDH, l'indice de développement humain, est lui aussi en hausse très net à partir de 2004/2005 pour atteindre les niveaux les plus élevés d'Amérique Latine.

L'indice de Gini, qui mesure les inégalités entre les revenus les plus élevés et les plus bas dans une société a connu la même évolution. Le Vénézuéla est passé de l'un des pays les plus inégalitaires dans les années 90 au pays le moins inégalitaires du continent sud américain à la fin des années 2000.

Un dernier chiffre qui me parait être le plus éloquent de la politique menée par Hugo Chavez au cours des dix dernières années, c'est, selon l'UNESCO, l'analphabétisme a été éradiqué au Vénézuéla en seulement quelques années.

Journaliste : On dit que Hugo Chavez est le président du peuple, ces chiffres sont effectivement éloquents. On voit qu'il a travaillé pour les plus pauvres dans son pays. Cela dit ce bilan économique il n'est pas que positif. En négatif on va dire que l'économie du pays reste vraiment, essentiellement plus qu'essentiellement basée sur la rente pétrolière, et que ce secteur pétrolier n'a pas reçu tous les investissements qu'il aurait fallut.

VL : Voilà c'est ça. En réalité ce qu'il faut bien comprendre c'est que ces résultats sociaux qui sont incontestablement bons sont le fruit d'un investissement massif des revenus pétroliers dans les secteurs sociaux les plus fondamentaux qui sont la santé, l'éducation, le logement, l'alimentation principalement. Mais ces programmes sociaux restent structurellement dépendant des revenus pétroliers. C'est toute la problématique de la sortie du modèle de rente pétrolière qui caractérise l'économie Vénézuélienne. Donc devant ce problème, qui ne date pas de Chavez, il date de plus d'un siècle, devant ce problème il serait trop simpliste de dire que Chavez n'a rien fait pour changer les choses. Il a tenté de diversifier l'économie Vénézuélienne vers une production agricole, construction de logements en particulier, il a tenté de nouer des accords de transfert technologique Sud-Sud avec des pays d'Asie, d'Amérique du Sud, de Moyen-Orient, mais c'est vrai, ça n'a pas suffit. Mais à sa décharge, sa proposition politique était une réforme profonde de la société vénézuélienne. Et forcé de constater que c'est une tâche qui dépasse largement le temps d'un ou de deux mandats électoraux.

Journaliste : Alors rapidement, est-ce que vous pensez qu'il y a en perspective une reprivatisation du secteur pétrolier vénézuélien ?

VL : Alors écoutez, le président Chavez sur ce point était très clair. Les partisans du parti socialiste devront voter pour Nicolas Maduro aux prochaines élections présidentielles, qui se tiendront dans trente jours. Et Nicolas Maduro de par sa personalité, et sa proximité avec le président Chavez, n'aura pas du tout l'intention, s'il est réelu, ce qui sera probablement le cas sous le coup de l'émotion de la mort du président, n'aura pas du tout l'intention de reprivatiser le PDVSA, qui est l'entreprise nationale vénézuélienne concernant le pétrole.

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